samedi 28 mai 2011

La technique du masquage sous l'agrandisseur

Voici la suite de mes petites aventures de tirage noir et blanc, toujours sur les photos d'Istanbul dont je présentais la planche-contact dans l'article précédent. Comme l'idée est de montrer ces photos lors de notre expo début juillet je me suis lancé dans des tirages 24x30cm. L'idée de ce format de tirage -qui est le plus grand que j'ai pu pratiquer jusqu'à maintenant- est aussi de pouvoir travailler la technique du masquage sous l'agrandisseur. A cette occasion j'ai découvert que plus on agrandissait un image... plus on augmentait les difficultés. Avec l'agrandisseur Durst M370 (cf. Test de lumière inactinique) j'ai en effet eu pas mal de problèmes pour avoir l'ensemble de l'image nette avec une mise au point satisfaisante. Après plusieurs essais et recherche de la cause de ce problème je me suis rendu compte que l'objectif de l'agrandisseur n'était pas parfaitement parallèle au plan sur lequel est posé le papier. La tête de l'agrandisseur semble plier sous son propre poids et le résultat est une légère différence de mise au point d'un bout à l'autre de l'image. Je la fais courte mais la suite de l'histoire vous la connaissez : pratiquement cinq heures dans le noir et pas mal de papier cramé avant d'arriver à un résultat correct pour une seule image. Mais promis je garde le moral :-)


Pour commencer cette série d'agrandissements j'ai choisi la photo numéro 13 de notre planche-contact : une mamie en train de lire tranquillement dans une rue d'Istanbul. Dans le champ sur la droite il y a aussi un chat qui me regarde tranquillement prendre ma photo. C'est l'une de mes images préférées parce qu'il y a de nombreux détails partout : des livres sur la gauche de l'image, des appareils photo d'occasion à vendre et qui pendouillent sur un crochet, différentes inscriptions sur les murs, etc. Techniquement cette photo présente quelques difficultés de tirage : le personnage est dans une ombre assez marquée. Bien sûr j'aimerais faire ressortir sa présence : c'est sa présence qui fait que j'aime bien cette photo. Au tirage il faudra donc masquer une partie de l'image pour que les parties les plus claires du négatif -donc celle qui ont été le moins exposées- ne noircissent pas trop sur le papier et que le personnage reste bien visible.

Quelques étapes du tirage
D'abord je fais une série d'expositions sur une languette de papier avec un filtre de grade 2. J'essaie déterminer à partir de quel moment les noirs commencent à devenir assez denses, ici en gros vers 5 secondes avec un diaphragme ouvert à f:5.6.
Ensuite je fais des essais sur une bande de papier avec un filtre de grade 0, bien entendu auparavant déjà exposée 5 secondes avec le filtre de grade 0. La bonne densité de gris se trouve aux environs de 15 secondes d'exposition. L'avantage de cette technique avec deux filtres de grade différents c'est qu'elle permet d'exploiter tout le potentiel du papier multigrade et d'obtenir une photo avec une large gamme de gris.

On se lance ?

On prend notre filtre de grade 2 pour une exposition de 5 secondes.
Le bas de l'image est très clair, on masque le reste de l'image pour y ajouter une exposition de 3 secondes sur le sol.

Etape suivante on passe au filtre de grade 0 pour une exposition de 15 secondes. Durant cette pose on masque certaines les parties les plus claires du négatif pour qu'elles ne "montent" pas trop vite.

Les parties les plus sombres du négatif demandent une exposition complémentaire : 5 secondes pour les livres et 10 secondes supplémentaires pour le sol.


Et le résultat...


Même si je suis assez content du résultat le fait que le chat ne soit pas parfaitement net (alors qu'il l'est sur le négatif) me chagrine vraiment. Du coup j'ai décidé de sortir l'autre agrandisseur dont je dispose, l'Ahel 5672, et de faire de nouveaux essais pour voir si ça se passe mieux.

Est-il bien nécessaire de préciser qu'il faudra tout recommencer pour trouver les bonnes valeurs pour les différents masquages ?


Voir toutes les photos prises à Istabul :
Six jours à Istanbul
Voir l'expo :
C'est l'expo, enfin !

dimanche 8 mai 2011

Une planche-contact d'Istanbul

Une absence un peu prolongée sur le blog mais c'était pour la bonne cause : quelques jours de vacances et... un petit séjour à Istanbul. Outre le plaisir de découvrir une nouvelle ville ce voyage était l'occasion de prendre quelques photos : deux films de 36 poses avec comme sujet principal de petites scènes de rue. Pas facile de prendre des images dans un pays qu'on ne connaît pas : comment vont réagir les gens à la vue de l'appareil photo ? Même dans une ville inondée de touristes une fois l'objectif pointé vers une personne quelle sera son attitude ? Ces photos sont donc souvent prises d'un peu loin et je le regrette même si je sais qu'il était difficile de faire autrement (c'est Martin Parr qui disait "Combien de photos ratées parce qu'elles sont prises de trop loin ? "). Au bout de quelques jours, la confiance aidant, j'ai demandé à l'une ou l'autre personne l'autorisation de prendre des images, demande plutôt refusée d'ailleurs.

De retour en Alsace j'étais impatient de développer le premier négatif (sur le deuxième il reste quelques images à prendre). Jeudi soir au cours photo je raconte en quelques mots à Alix les petites difficultés de prises de vues et je lui montre la planche-contact. Elle commente quelques images et me dit "En tout cas question temps d'exposition et développement du négatif y'a rien redire". Et là je dois dire que je suis assez content et même un peu fier. Si, si, parce que ça aura finalement représenté beaucoup de travail et de patience tout ça.
Pour en arriver à ce résultat il a fallu :
- Etre très attentif lors de la réalisation des images alors qu'on n'a pas forcément le temps, que les gens bougent dans la scène que voulez prendre, qu'on vous regarde, etc. Pratiquement toutes les images sont volontairement surexposées d'1 ou 1.5 IL : il ne faisait pas très beau, je voulais enregistrer les détails dans ombres sachant que le film encaisse facilement une légère surexposition.
- Etre méticuleux lors du développement du négatif : produits à température exacte, agitation lente et régulière, temps de développement précis, etc.

Voilà un petit extrait de la planche-contact :
Planche-contact - HP5 400 asa - Istanbul avril 2011
Mon projet pour l'exposition du début du mois de juillet est donc tout trouvé : repérer cinq ou six images intéressantes et en faire un "bon" tirage papier. A raison d'une demi-journée de travail pour avoir un tirage correct je devrais tout juste pouvoir y arriver :-) Bien sûr je vous montrerai ces images au fur et à mesure.