dimanche 12 décembre 2010

Gregory Crewdson à Baden-Baden

Affiche de l'expo Gregory Crewdson - Duane Hanson
Visite de l'expo "Gregory Crewdson / Duane Hanson - L'inquiétante étrangeté du réel" au Museum Frieder Burda à Baden-Baden.


Texte de présentation de l'expo :
"Gregory Crewdson, né en 1962 à Brooklyn, New York, est l'un des photographes contemporains les plus connus sur la scène internationale. Ses oeuvres proposent une synthèse de fiction et de réalité qui interpelle notre subconscient avec une efficacité peu commune. Dans l'oeuvre la plus importante de sa production à ce jour, le cycle «Beneath the Roses», élaboré entre 2003 et 2008, Crewdson emprunte les images glauques du monde de la small town américaine pour composer des scénarios d'une densité étonnante et quasiment baroque évoquant toutes les tristesses de l'existence humaine. L'exposition du Musée Frieder Burda montre vingt photographies appartenant à ce cycle et présentées en dialogue avec des sculptures de Duane Hanson. Les réalisations de Crewdson sont des oeuvres pour lesquelles l'artiste ne ménage ni sa peine ni les moyens mobilisés. Comme dans le tournage d'un film, chaque mise en scène est pensée longtemps à l'avance, programmée avec une extrême minutie, puis réalisée avec des ressources logistiques importantes et un investissement considérable de l'artiste. Le résultat final est souvent le fruit de plusieurs semaines de travail, d'où la complexité du message et un niveau technique très abouti. 



 

En 1988, Crewdson termine son cursus de street photography à la Yale School of Art à New Haven. Il revient en 1993 et occupe depuis lors la chaire de photographie de cette université. Pour la réalisation de ses œuvres, Crewdson sillonne l'État du Massachusetts à la recherche de lieux d'atmosphère ; il y installe ses décors, qui sont de véritables plateaux de tournage. Les habitants de ces petites villes lugubres sont souvent invités à incarner eux-mêmes les personnages de la mise en scène. Les photographies de Crewdson évoquent ainsi des images de film et, de fait, l'artiste est très proche de l'art cinématographique. Des réalisateurs comme Alfred Hitchcock, David Lynch ou Steven Spielberg sont les inspirateurs de ces inquiétantes dramaturgies qui semblent gelées autour d'un instantané unique, noeud narratif dont la construction montre l'extraordinaire talent de l'artiste. Comme la littérature la plus exigeante le fait avec son lecteur, les photographies de Crewdson exigent la collaboration du spectateur, auquel incombe l'essentiel de l'activité créatrice. La fiction qui s'élabore dans l'esprit de ce dernier, grâce à son imaginaire, aux images et aux associations qu'il produit, engendre un univers concurrent de la réalité objective - un monde d'une très inquiétante étrangeté. Mais un regard rapide ne suffit pas : le spectateur doit s'immerger longuement dans un décor rempli de détails et d'indices, et être ainsi en mesure d'appréhender l'ensemble du dispositif scénique.
 


Les images de Crewdson sont un travail très concerté autour d'émotions et d'angoisses dont son oeuvre offre, sous des scénarios variés, les images récurrentes : isolement, absence, honte, désir, frustration - des sentiments qui touchent le spectateur au plus profond de lui-même. Que Crewdson travaille ainsi au plus près de la psyché tient peut-être aussi au fait que ce fils de psychanalyste a été familiarisé de bonne heure avec la complexité troublante de l'âme humaine. Ses oeuvres peuvent être interprétées comme des métaphores d'angoisses et de désirs présents sous la surface visible des choses : comme si l'artiste cherchait à faire apparaître un autre niveau de réalité, situé quelque part entre le conscient et le subconscient. 

Mais la série « Beneath the Roses » peut également être vue comme un psychogramme de la vie provinciale aux États-Unis. Les décors choisis montrent des réalités sociales et attestent, derrière les décors stéréotypés de l'american way of life, la décadence économique de toute une société. Sans attendrissement ni détours, Crewdson représente la vie de la classe laborieuse, à l'instar de Duane Hanson, dont l'ceuvre gravite, elle aussi, autour de ce concept d'humanité dont ses personnages silencieux et introvertis éclairent de multiples aspects. 

Le "making of" des photographies de Crewdson était très intéressant.
Evidemment, comme trop souvent aujourd'hui dans les expos, les photos étaient interdites.
Et... je me suis fait rappeler à l'ordre par le gardien :-)

Toute une série de photos de plateau (production stills), de dessins originaux de l'artiste et de schémas détaillés des dispositifs d'éclairage illustrent la genèse du cycle «Beneath the Roses
». Avec soixante documents extraits de ce fonds, une salle d'exposition autonome est dédiée au making of de l'oeuvre, montrant de façon concrète les processus techniques complexes qui lui ont donné naissance."

D'une manière générale les photos de Crewdson, réalisées à la chambre photographique dans un décor de cinéma, sont intéressantes et intrigantes ; les lumières et la multitude de détails sont particulièrement complexes et bien étudiées. Cependant, sur l'ensemble des photographies proposées, seules quelques unes dégagent réellement cette "inquiétante étrangeté" qui fait le titre de l'expo, cette ambiance à la David Lynch où planent une angoisse et d'obscures interrogations. Par ailleurs, si ces images manifestent une incontestable perfection technique, les prises de vues avec de multiples assistants, un directeur de la photographie (sic) et les milliers de dollars probablement investis pour chaque photographie, me laissent assez interrogatif sur le sens de cette démarche.

Les oeuvres de Crewdson et Hanson côte à côte au Museum Frieder Burda
L'expo de Crewdson était mêlée à des sculptures de Duane Hanson, cocasses et inquiétantes à la fois.
 
Devinez où est la sculpture sur cette photo ?
Juste à côté du Museum Frieder Burda se trouve le Kunstahalle de Baden-Baden qui propose une exposition sur l'auto-portrait au XXème siècle. L'expo ne tient pas ses promesses (peu d'oeuvres et pratiquement aucun texte d'explication) mais on y retrouve Cindy Sherman :

et un autoportrait que je trouve réussi de Gilbert and George :

Voilà ce sera tout pour ce dimanche pluvieux mais culturel :-)

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